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qui lui permirent de capter une grande partie du commerce de l’Amérique du Sud, au moment même où la France fut obligée de renoncer au commerce interlope sur la côte du Pacifique[1].


6. Progrès de son capitalisme financier.. — La grande expansion maritime de l’Angleterre, à la fin du XVIe siècle et au XVIIe, donne un nouveau coup de fouet au capitalisme financier. Les compagnies de commerce privilégiées, dont il a été parlé plus haut, affectant toutes la forme capitaliste, sont organisées en sociétés par actions : tel est le cas de la Moscovy Company, des Compagnies de l’Est, de l’Afrique, etc. Mais c’est surtout la Compagnie des Indes Orientales, fondée au début du XVIIe siècle (presque, au même moment que la Compagnie hollandaise), qui fait faire de grands progrès à l’organisation capitaliste. Les parts de cette grande société par actions sont désignées par le terme de capitaux et non par celui de stock[2], comme c’était le cas chez les merchant adventurers. Ses dividendes, dès le début, sont fort élevés, dépassent 30 %. Les ventes des actions de la Compagnie des Indes, en Angleterre — comme en Hollande — donnent lieu à d’importantes spéculations. Les Compagnies fondées pour la mise en valeur des colonies américaines sont aussi de grandes sociétés par actions, dont le capital, en 1624, s’élève à 300 000 livres sterling (la Compagnie de Virginie, seule, représente 200 000 livres).

Ensuite, on remarque, dans l’évolution du capitalisme financier, un temps d’arrêt déterminé par la guerre, civile et par la dépression commerciale, qui en est la conséquence. Mais, avec la Restauration, commence,

  1. L. Vignols et H. Sée, La fin du commerce interlope des Français (Revue d’Histoire économique, 1925).
  2. Stock implique encore l’idée d’une marchandise ; le capital est une valeur financière.