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ainsi que pour la formation de la « mentalité » capitaliste.

L’exemple de la Hollande montre aussi l’étroite relation qui existe entre l’expansion du grand commerce maritime et l’apparition des phénomènes les plus caractéristiques du capitalisme : sociétés par actions, spéculations sur les valeurs de bourse, achat à terme, etc.[1].


5. Rôle de l’Angleterre. Son expansion maritime et coloniale. — L’Angleterre est loin d’être, comme la Hollande, une puissance exclusivement commerciale. L’industrie, et notamment l’industrie drapière, on l’a déjà vu, y tient une très grande place. Mais, à cette époque, l’industrie contribue beaucoup moins à l’extension du capitalisme que le grand commerce maritime et colonial.

L’Angleterre, dès le début du XVIIe siècle, commence à devenir une puissance coloniale. C’est aux dépens de l’Espagne que sont acquises les premières colonies anglaises des Antilles : on occupe les Barbades, en 1605, les Bermudes, en 1612, Saint-Christophe, en 1622-1624, possessions que complètera plus tard l’occupation de la Jamaïque. Et, en même temps, comme il est naturel, s’organise la traite négrière ; c’est en 1618 qu’est fondée, à cet effet, la Compagnie de Guinée. Il est vrai que les Anglais n’ont pu fonder de colonies dans l’Amérique du Sud, mais, dans l’Amérique du Nord, dès les dernières années du XVIe siècle, ils se sont implantés en Virginie, en attendant qu’ils s’établissent dans la Nouvelle-Angleterre et qu’ils se fassent céder par la Hollande,

  1. Sur tout ce qui précède, voy. aussi le Mémoire sur le négoce et la navigation des Hollandais, de Loysen, publié par P. J. Blok, loc. cit., p. 307 et suiv., et surtout la grande publication de documents de J.-G. van Dillen sur les banques hollandaises. Cf. C. Mees, Proeve eener geschiedenis van het bankwezen in Nerderland gerudende den tijd der Republik, Rotterdam, 1836.