Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moires sur le commerce des Hollandais (édition de 1717, p. 105) :

« Les Espagnols ont beaucoup favorisé le commerce des Hollandais, autant qu’ils l’ont pu, particulièrement depuis l’année 1667, en vue de diminuer le nôtre, en quoi ils n’ont pas trop mal réussi. Mais le trafic des Hollandais n’a jamais été si florissant que depuis la guerre de Hollande de 1672 jusqu’au commencement de celle d’aujourd’hui [de la succession d’Espagne], car ils leur fournissaient une bonne partie des marchandises, que nous avions accoutumé d’y porter et en tiraient quantité des leurs, qu’ils avaient accoutumé de venir prendre en France avant cette guerre de 1672 et celle de 1690 ».

Le stock monétaire de la Hollande devient si considérable qu’elle peut exporter des métaux et des espèces monnayées, non seulement dans l’Inde, pour son trafic, mais dans divers pays de l’Europe, contrairement aux règles du système mercantile.

D’ailleurs, en dehors du commerce de Cadix, les Hollandais, les Anglais et les Français font, dans l’Amérique espagnole, dès le XVIe siècle, un commerce interlope, qui se développe encore au XVIIe et surtout dans la seconde moitié de ce siècle. On se l’explique si l’on songe, à l’étendue des côtes et à la vénalité des gouverneurs espagnols. Lorsque les Français, Anglais et Hollandais (après 1650) se furent établis dans les Antilles, voisines de l’Amérique, à la Martinique, à la Guadeloupe, à la Jamaïque, à Curaçao, le commerce de contrebande devint encore plus intense ; les Anglais et les Hollandais ont, d’ailleurs, à cet égard devancé les Français. En 1662, les galions espagnols trouvent les marchés de la, « terre ferme » de l’Amérique si bien pourvus qu’ils doivent remporter, sans l’avoir écoulée, la plus grande partie de leur chargement[1]. Les étrangers arrivent

  1. Voy. Haring, op. cit., p. 111 et suiv., et The Buccancers in the West Indies in the XVIIth century, Londres, 1910.