dient dans leurs colonies les objets manufacturés dont elles ont besoin.
6. L’afflux des métaux précieux et la crise monétaire. — En réalité, les métaux précieux s’écoulèrent de plus en plus en Europe dès le XVIe siècle. La France, qui expédiait beaucoup de marchandises en Espagne et qui y envoyait de véritables colonies d’artisans de toutes sortes, comme l’indique. Jean Bodin, dans sa Réponse aux paradoxes de M. de Malestroit, fut envahie à tel point par l’or et l’argent espagnols qu’elle subit une révolution monétaire, dont les conséquences furent extrêmement graves.
On constate tout d’abord la diminution du poids de la livre tournois, qui était une unité de compte, ce qui aggrava la dépréciation commerciale de la monnaie. Aussi s’efforça-t-on, par l’édit de septembre 1577, d’établir le monométallisme, mais ce fut en vain. Les monnaies étrangères, — surtout les monnaies espagnoles -, d’un titre et d’une valeur inférieurs à ceux de nos monnaies, envahirent la France, tandis que les monnaies françaises s’écoulaient au dehors. De là, une spéculation effrénée sur les changes, qui enrichit les gens de finance, les banquiers, et incita de nombreux marchands à abandonner leurs transactions commerciales pour le trafic de l’argent[1].
L’afflux des métaux précieux et les spéculations sur les changes entraînèrent la
hausse des prix qui se produisit au XVIe siècle et surtout dans la seconde moitié de ce
siècle ; elle se manifesta surtout pour les grains,
- ↑ Voy. Germain Martin, La monnaie et le crédit privé en France, aux XVIeet XVIIe siècles (Revue d’Histoire économique, t. II, 1909, pp. 1-40) ; A. Liautey, La hausse des prix et la lutte contre, la cherté en France au XVIe siècle, Paris, 1921 ; Paul Raveau, Le pouvoir d’achat de l’argent et de la livre tournois du Poitou, du règne de Louis XI à celui de Louis XIII (Bull. de la Société des antiquaires de l’ouest, an. 1922 ; reproduit dans L’agriculture et les classes paysannes dans le Haut-Poitou).