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seul port, à Séville, puis, lorsque les nécessités de la navigation l’exigèrent, à Cadix, mieux situé que la capitale de l’Andalousie. Il est vrai que les autres ports de l’Espagne protestèrent contre ce monopole exclusif et que Charles-Quint se montra favorable à leurs revendications, mais, sous Philippe II, à partir de 1574, la cause de Séville triompha, puis Cadix lui fit concurrence et l’emporta définitivement.

C’est la Casa de contratacion qui règle tout le trafic avec l’Espagne. Créée en 1502, elle eut d’abord pour résidence Séville, puis Cadix, où, en 1517, elle est définitivement fixée. C’est un établissement avant tout commercial, mais qui possède aussi un droit de juridiction. À sa tête, se trouvent trois officiers, le trésorier, le factor et le contador, qui jouissent d’une grande autorité. Mais l’action de la Casa, comme celle de toute l’administration espagnole, est entravée par la routine[1].

Les marchandises transportées de Cadix dans l’Amérique espagnole ou d’Amérique en Espagne, sont soumises à de lourds impôts (l’averia, dont le taux est de 2,5 %, et l’almojarifazgo). C’est pourquoi toutes les cargaisons doivent être enregistrées, inscrites sur les livres du contador. Mais la contrebande est si importante que ces

mesures restent en partie vaines ; c’est pourquoi, en 1660, les droits sont remplacés par une somme fixe clé 790 000 ducats.

Le roi d’Espagne prétendait se réserver la plus grande partie, sinon la totalité, des métaux précieux produits par l’Amérique ; en réalité, une faible partie seulement de ces richesses entra dans le trésor royal. Le gouvernement espagnol avait établi aussi des impôts extrême-

  1. Voy. Haring, Trade and Navigation between Spain and Indies in the time of the Hapsburgs, Cambridge, 1918 (Harvard Economic Studies), chap. I.