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sont devenus la banlieue d’Anvers ». Quant aux marchandises importées, ce sont, pour une forte part, des produits coloniaux.

La « nation » portugaise joue un rôle particulièrement important, bien que le nombre de ses membres ne soit pas très considérable (environ 70 familles en 1570) ; elle a ses deux consuls, sa juridiction consulaire, dont la procédure, rapide et peu coûteuse, est très favorable aux intérêts de la colonie. À Anvers, le roi de Portugal a un facteur, qui gère les affaires commerciales de ce souverain. Les Espagnols ne forment pas légalement une « nation », mais, s’ils n’ont pas de juridiction spéciale, ils jouissent en fait d’importants privilèges. Les négociants portugais et espagnols ne sont le plus souvent que des agents commerciaux, représentant d’importantes firmes des pays du Sud. Courtiers et financiers : tel est le double aspect sous lequel nous apparaissent ces agents, tout au moins jusque vers 1550, car, dans la seconde moitié du siècle, s’opère, dans les fonctions commerciales, une véritable division du travail.

3. L’or et l’argent du Nouveau Monde. — Toutefois, ce n’est pas seulement le progrès des transactions commerciales qui a agi sur l’expansion du capitalisme. Un autre phénomène, dans la seconde moitié du XVIe siècle, joue un rôle de premier ordre ; c’est l’énorme afflux des métaux précieux, de l’or et de l’argent, qui étaient devenus si rares à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Ne voit-on pas Louis XII, dans son ordonnance du 22 septembre 1506, se plaindre de l’exportation de l’or et de l’argent, qui en a fait hausser le prix, « à notre très grand préjudice et dommage » ?

Les Portugais, de bonne heure, recueillirent une grande quantité d’or sur la côte occidentale de l’Afrique. Mais l’événement décisif, à cet- égard, ce fut la prise de