Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et allemandes[1] —, qui firent de cette ville une grande place internationale pour le commerce de l’argent.

Le développement des banques introduit des mœurs nouvelles. C’est ce que montre avec force Lodovico Guiccardini, qui nous a laissé une description si vivante de l’Anvers du XVIe siècle :

« Autrefois, les nobles qui avaient des fonds disponibles les mettaient en terres, ce qui donnait du travail à beaucoup de gens et fournissait au pays le nécessaire. Les marchands employaient leurs capitaux à leur négoce régulier, de façon à égaliser entre les différentes contrées la disette et la surabondance ; ils utilisaient des hommes sans nombre et augmentaient les revenus des princes et des villes. Aujourd’hui, au contraire, une partie de la noblesse et des marchands (la première par l’intermédiaire des seconds, et les autres ouvertement), pour éviter les peines et les périls de l’activité professionnelle régulière, consacrent tous leurs capitaux disponibles au commerce de l’argent, qui les attire par ses gains élevés et sûrs. »


6. Influence prépondérante du capitalisme commercial. Il est aussi une source du capitalisme financier. Quelque influence qu’aient exercée sur la genèse du capitalisme le commerce de l’argent et la spéculation, ils n’en constituent pas, semble-t-il, la source la plus féconde  ; réduits à eux-mêmes, ils ne sauraient fonder une puissance économique solide et durable. Ehrenberg le montre fort bien, lorsqu’il compare les foires de Gênes et celles de Francfort.

Les foires de Gênes prirent une grande importance après la chute d’Anvers, et elles restèrent florissantes pendant un demi-siècle. Leur caractéristique, c’est qu’il ne s’y opère pas de trafic de marchandises, qu’on ne s’y livre qu’à des transactions financières : transactions particulièrement actives, puisqu’on y trouve des instru-

  1. Il y en eut aussi de suisses et d’espagnoles, et les banquiers d’origine lyonnaise deviennent nombreux, dès le XVIe siècle.