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4. Les progrès du crédit public et les crises financières. — Un autre phénomène nouveau, ce sont les crises financières internationales, qui sont provoquées par le développement du crédit public.

En France, le cardinal de Tournon essaie de faire du crédit public une institution régulière ; il centralise au profit du Roi tous les dépôts des banques lyonnaises, promettant un intérêt d’au moins 10 %. Puis, dans la même place de Lyon, en 1554, c’est la création du « grand parti », véritable emprunt public, pour lequel on s’adresse à toutes les bourses, même aux plus humbles. Les souscripteurs reçoivent des obligations. Ce fut une fureur ; même les domestiques confient leurs économies au « grand parti » ; les étrangers ne sont pas les moins empressés.

Mais bientôt, voici la débâcle : le papier baisse de plus en plus, d’abord de 15 %, puis, en 1559, de 30 et même de 50 %. Et, au même moment, l’État espagnol subit une crise analogue.

Ces banqueroutes atteignent gravement tous les manieurs d’argent : 20 millions de ducats, c’est-à-dire 250 millions de francs, ont été, sinon engloutis, tout au moins gravement compromis ; le crédit public a été cruellement atteint. Les guerres de religion entraînent une autre crise très grave ; elles ont eu pour conséquence la chute des places d’Anvers et de Lyon, toutes deux gagnées, en grande partie, à la cause de la Réforme.

Une nouvelle banqueroute de l’État espagnol, en 1575, détermine une autre crise très grave. Elle ébranle la prospérité des foires espagnoles (de Medina del Campo, de Villalon, etc.). où se traitaient de grandes affaires, et où les Fugger et les banquiers génois jouaient un rôle prépondérant. La banqueroute atteint principalement Nicolo Grimaldi, des financiers espagnols, comme