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le commerce sédentaire et urbain[1]. L’on voit se créer, dès le XVIe siècle, des bourses mondiales, comme Anvers et Lyon, qui vont prendre de plus en plus leur place.

Dans les foires, les tractations financières n’étaient nées qu’à l’occasion et à la suite des transactions commerciales. Dans les bourses, les marchandises ne sont plus apportées elles-mêmes ; on ne trafique que sur les valeurs qui les représentent. Lyon, d’ailleurs, a dû son importance encore plus à la finance qu’au commerce, et son développement est en partie l’œuvre des rois de France. C’est la place où se négocient de préférence les emprunts publics, où affluent les banquiers, dont la plupart sont originaires de l’Italie ou de l’Allemagne du Sud. Lyon finira par perdre sa prépondérance bancaire, mais elle se transformera en une grande ville industrielle.

Ehrenberg, dans son bel ouvrage, Das Zeitalter der Fugger, montre qu’au XVIe siècle l’importance passe des foires aux bourses, tant pour le commerce des marchandises que pour le commerce de l’argent. Dans les foires, les transactions n’avaient lieu que de loin en loin ; dans les bourses, au contraire, c’est chaque jour de l’année que l’on négocie marchandises et valeurs. Les bourses ont donc fortement contribué à la concentration des opérations commerciales et financières. Elles sont ouvertes « aux marchands de toutes nations », comme le dit l’inscription placée sur le fronton de la Bourse d’Anvers, dont la création, en 1531, a été un événement de première importance.

Grâce aux bourses, les événements politiques et l’opinion influent beaucoup sur les affaires ; ainsi s’explique l’origine des gazettes, qui donnent aux trafiquants les nouvelles qu’ils ont besoin de connaître. Les bourses

  1. Sur cette question, voy. André Allix, Les foires (La Géographie, 1923).