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Allemagne. Les bourses. — Si l’on veut comprendre les origines du capitalisme financier, il convient de considérer les grandes puissances financières, qui se sont constituées dès la fin du Moyen âge. Leur développement, comme le montre Richard Ehrenberg, a été surtoutla conséquence du crédit public, que rendait nécessaire la formation des grands États, princiers ou monarchiques. Ces États ont de plus en plus besoin d’argent, car leurs services militaires, diplomatiques et financiers ne cessent de grandir.

Ainsi s’expliquent l’activité financière des Italiens (Florentins, Lucquois, Génois, etc.) en Angleterre, aux Pays-Bas, en France, et celle des marans (juifs portugais convertis) à Anvers. En Allemagne, les Fugger, d’Augsbourg, d’abord marchands, puis propriétaires de mines de cuivre et d’argent et banquiers, ont été les prêteurs attitrés des Habsbourg, et l’on sait le rôle qu’ils ont joué, au moment de l’élection de Charles-Quint. D’autres maisons d’Augsbourg et de Nüremberg ont été de grandes puissances financières dans la première moitié du XVIe siècle ; tels les Tucher, les Imhof. Les banquiers allemands tiennent aussi une place considérable à l’étranger ; par exemple, à Lyon, celui que l’on a appelé « le bon Kleberg, » et qui a été, pendant des années, le personnage le plus important de cette ville.

On comprend qu’il ait pu se constituer, dès cette époque, une grande accumulation de capitaux, si l’on songe que le taux de l’intérêt s’élevait souvent à plus de 50 %, et que les forces financières ont été grandement accrues par les sociétés commerciales, les syndicats et les monopoles.

Un fait significatif, c’est que les foires, qui jouaient un si grand rôle lorsque le grand commerce avait encore un caractère uniquement périodique, perdent peu à peu leur ancienne importance, à mesure que se développe