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trées. Considérons encore que le commerce est loin d’être vraiment spécialisé : le commerce des marchandise et celui de l’argent ne se trouvent-ils pas souvent réunis dans les mêmes mains ? L’on sait aussi que maintes fois les orfèvres prêtaient de l’argent, faisaient l’office de banquiers.

Ce qui est vrai (et voilà ce qui semble vraiment solide dans la théorie de Sombart), c’est que l’accumulation des capitaux est souvent le fait de personnages, qui percevaient des impôts, des taxes pour le compte du Saint-Siège, des rois, ou même les revenus des grands propriétaires fonciers, — ecclésiastiques ou laïques. Nous admettrons encore, avec W. Sombart, que le prêt à intérêt, tel que le pratiquaient Lombards et Juifs, peut être considéré comme une des sources du capitalisme.

Les exploitations minières ont joué aussi, à cet égard, un rôle assez important, comme le, prouve l’exemple des Fugger. Sans doute, il faut tenir compte encore de la plus-value, souvent énorme, des biens fonciers, qui se produit dans les villes, à mesure qu’elles croissent en population et en richesse[1]. Cette plus-value profite surtout au patriciat des villes, qui bien souvent s’allie et arrive à se mêler avec la noblesse rurale, comme le montre M. Pirenne dans ses Étapes de l’histoire sociale du capitalisme. Mais ce patriciat, qui d’ailleurs a pour source première le commerce, semble jouer, un rôle moins actif, en ce qui concerne le capitalisme naissant, que les hommes nouveaux ; ce sont les nouveaux riches, comme le dit encore M. Henri Pirenne, qui ont toujours joué le rôle le plus actif.


2. Les grandes puissances financières en Italie et en

  1. Sur tout ce qui précède, cf. W. Sombart, Der moderne Kapitalismus, 2e partie, chap. 10 et 11.