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9. Il n’existe pas de capitalisme industriel, au sens moderne du mot. — Quant au capitalisme industriel, au sens moderne du mot, il n’existe en aucune façon au Moyen âge ; il n’apparaît, on l’a vu, que sous sa forme purement commerciale. Les artisans, surtout dans les métiers de l’alimentation, du vêtement, du bâtiment, de l’ameublement, disposent eux-mêmes de leurs moyens de production, moyens très limités d’ailleurs, en général, comme le montre, par exemple, le registre de la taille à Paris, en 1292, comme le montrent aussi les taxes d’impôts de Bâle au XVe siècle. Ils besognent seuls ou avec un ou deux compagnons. Ils ne travaillent pas pour des marchés lointains, ils vendent directement leurs produits aux consommateurs de la localité, ou même mettent en œuvre la matière première qui leur est fournie par leurs clients.

Le régime corporatif, l’organisation des communautés de métiers, telle qu’elle existe partout au Moyen âge, tend à maintenir l’artisan dans une situation assez humble, en s’opposant à la concurrence, en limitant le nombre des apprentis, en assurant à tous la main-d’œuvre qui leur est nécessaire, mais une main-d’œuvre, très restreinte.

Les corporations ouvrières, dans l’immense majorité des villes, ont maintenu le régime de la petite industrie, non seulement au Moyen âge, mais dans les temps modernes. C’est seulement dans les corporations marchandes que parfois une différenciation se produit entre les maîtres et que l’accumulation des capitaux peut se réaliser ; nous avons là un phénomène très significatif.


Ouvrages à consulter.


R. Davidsohn, Geschichte von Florenz, 4 vol. in-8o ; — Forschungen zur Geschichte von Florenz.

A. Doren, Das Florentiner Zunftwesen vom XIVten Jahr-