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pas de relations internationales. Voici, d’autre part, un fonctionnaire, Guillaume de Duvenvoorde (1290-1353), conseiller du comte Guillaume de Hollande. Ce sont surtout des spéculations financières qui l’ont enrichi : les prêts d’argent consentis à des particuliers et surtout à des princes, la pratique des changes, l’achat de rentes foncières, des constitutions de lucratives hypothèques lui ont permis d’accumuler tant de richesses qu’il possède un revenu de 70 000 livres (5 millions de francs au cours de 1921), représentant un capital de 100 millions de francs. Il est curieux de noter que, sa petite-nièce ayant épousé, en 1404, Englebert de Nassau, c’est à ce « nouveau-riche » du XIVe siècle que la maison d’Orange-Nassau doit sa fortune pécuniaire, et partant sa fortune politique[1].

Toutefois, les puissances financières les plus importantes qui se sont constituées au Moyen âge, ce sont celles qui ont été favorisées par leurs relations internationales. Telles, ces puissantes banques italiennes, qui ont en tous pays des succursales ; tels, ces changeurs et ces Lombards qui sont répandus dans toute la chrétienté ; tels encore, les Hanséates, qui ont d’importants établissements dans tout le nord-ouest de l’Europe.

Les Juifs constituent aussi une puissance économique internationale. Dispersés un peu partout, unis à leurs congénères par les liens de leur religion, qui leur vaut humiliations et persécutions, ils se trouvent placés dans des conditions particulièrement favorables pour se livrer à d’importants échanges commerciaux et financiers. C’est à tort qu’on les a crus longtemps voués uniquement aux transactions financières ; jusqu’au XIIIe siècle surtout, ils font encore plus le commerce des marchandises

  1. Voy. Joseph Cuvelier, Les origines de la fortune de la maison d’Orange-Nassau (Mémoires de l’Académie royale de Belgique, 1922).