Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naître le prêt à la grosse aventure et l’assurance maritime, qui se rattachent si étroitement à l’histoire du capitalisme. La pratique des assurances se développa ensuite, dès la fin du Moyen âge, dans les autres contrées maritimes de l’Europe, et les négociants portugais ont eu, semble-t-il, une grande part à ses progrès, comme à toute l’élaboration du droit commercial ; mais, sur cette question, les travaux sont encore peu nombreux. Il s’agit, d’ailleurs, seulement d’assurances « privées » ; les compagnies d’assurances ne naîtront qu’au XVIIe siècle, sous la pression de la nécessité, car il y avait grand avantage à partager les risques[1].


8. Caractères des puissances financières au Moyen âge. — On commence aujourd’hui à se rendre compte assez nettement de la nature des puissances financières au Moyen âge.

Il en est qui sont, en quelque sorte, confinées dans une ville ou dans un pays. Tel est le cas de ces « financiers d’Arras » (en Particulier, les Crespin et les Louchart), que récemment nous a décrits M. Bigwood[2]. Enrichis, semble-t-il, tout à la fois, par le commerce et par leurs propriétés et rentes foncières, ils disposent, au XIIIe siècle et au début du XIVe, d’assez de capitaux pour faire des prêts fort considérables à des princes, comme le comte de Saint-Pol et le comte d’Artois, à, des seigneurs laïques et ecclésiastiques, aux villes des Pays-Bas, comme Bruges. Fixés dans leur cité d’Arras, ils n’ont pas de représentants au dehors, ne se rendent aux foires que pour leur commerce, n’ont

  1. Cf. Salvioli, L’assicurazione e il cambio maritimo nella storia del diritto italiano, 1884 ; Hamon, Histoire générale de l’assurance en France, 1897 ; P. Huvelin, Le droit commercial (Revue de synthèse historique, an. 1904).
  2. Les financiers d’Arras (Revue belge de philologie et d’histoire, an. 1924 et 1925).