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que, dans les Pays-Bas tout au moins, les emprunts publics n’ont pas favorisé le commerce de l’argent. Néanmoins les progrès des États princiers ont contribué très fortement à développer le capitalisme financier, dès le Moyen âge. Les princes, pour leur administration, leur politique et surtout leurs guerres, ont besoin de recourir aux services des hommes d’argent, qui à l’occasion (une occasion qui se présente souvent) leur consentiront des prêts importants, auxquels aussi, moyennant finance, ils concèderont des monopoles, comme ceux des « tables de prêt ». Sans aucun doute, comme le montre, le professeur W. Sombart, il existe des liens assez étroits entre les progrès de l’État et ceux du capitalisme ; c’est ce que l’on constatera plus fortement encore dans les siècles suivants.

Le mécanisme des changes et aussi les emprunts des États princiers engendrent, forcément le, prêt à intérêt ; celui-ci, il est vrai, est condamné par l’Église, tout au moins quand il ne représente pas le bénéfice d’une commandite, ou quand il n’affecte pas la forme de la rente foncière, mais la force des choses finira par l’imposer à la législation des divers États. Or, le prêt à intérêt est, sinon la principale source, du moins la manifestation essentielle du capitalisme.

C’est aussi dès le Moyen âge, en Italie surtout, qu’on voit apparaître des sociétés commerciales, annonçant les futures sociétés par actions, qui joueront un si grand rôle, dans la genèse du capitalisme. Telle, la société en commandite, qui permet dû donner une plus grande envergure aux opérations commerciales. Telle aussi, la société en nom collectif, qui se rattache peut-être à la communauté familiale. Quant aux sociétés par actions, elles ne se développeront véritablement qu’à partir du XVIIe siècle.

C’est encore au Moyen âge, en Italie, qu’on voit