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beaucoup sont d’origine italienne, ce que l’on comprend, si l’on songe que les Italiens ont, à cet égard, une grande supériorité technique.

Le change, que nécessite la diversité des monnaies, même dans une seule région, est aussi l’une des grandes sources du capitalisme financier. On trouve partout un grand nombre de changeurs, surtout dans les places où se traite le commerce international. Aussi, nulle part, le change n’a-t-il été aussi important qu’aux grandes foires de Champagne, où se rendent des marchands de toute l’Europe. C’est dans ces foires qu’on use surtout, et de bonne heure, sûrement dès le XIIIe siècle, des lettres de foire et des lettres de change. Le règlement des comptes, après s’être fait au comptant, se fait aussi à terme. Puis on procède à l’extinction des dettes de change par voie de compensation ; c’est le virement de parties ou scontration, qui, après s’être développé aux foires de Lyon, se perfectionnera encore aux foires espagnoles et aux foires de Gênes. « C’est dans les foires, dit très justement M. Huvelin, que les marchandises et l’argent cessent d’être des objets de consommation pour devenir des capitaux. »

Le commerce maritime Joue un rôle analogue aux foires. Ainsi à Bruges se pratique, dès le XIIIe siècle, mais sur un moindre pied qu’aux foires de Champagne, le change international. À la fin du XVe siècle et, au XVIe, Anvers sera une grande place de change international ; c’est que cette ville et notamment sa bourse constitueront, comme on l’a dit, une foire permanente.

Sans doute, le commerce de l’argent n’a pas encore pris, au Moyen âge, une existence pleinement indépendante. Mais on commence à percevoir l’importance qu’il prendra dans la vie économique. M. Bigwood[1] déclare

  1. Le régime juridique et économique du commerce de l’argent en Belgique au Moyen âge.