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Nous voyons là déjà un exemple frappant de l’influence réciproque qu’ont exercée l’une sur l’autre l’activité commerciale et l’activité industrielle.

Même dans un pays comme l’Espagne, qui semble, en dehors des grandes routes commerciales et où la vie économique est peu active, on voit apparaître, dès le Moyen âge, quelques manifestations du capitalisme naissant : tel est le cas de Séville, où le développement de l’organisation économique nouvelle a été favorisée surtout par l’action des Génois et des Juifs[1].


7. Le capitalisme financier ; son caractère. — Le capitalisme financier apparaît aussi dès le Moyen âge, mais comme succédané du capitalisme commercial. La plupart des hommes, qui se livrent au commerce de l’argent, sont des marchands adonnés au trafic d’autres marchandises : drapiers, épiciers, merciers. Tel est le cas, en Italie, des négociants de l’Arte di Calimala ; tel est le cas aussi, aux Pays-Bas, des financiers d’Arras, et notamment de la famille Crespin. Les lombards eux-mêmes, qui tiennent les « tables de prêt », si nombreuses aux Pays-Bas, ne sont pas spécialisés uniquement dans le commerce de l’argent.

Cependant, la pratique des emprunts contractés par les princes, par les villes, par les établissements ecclésiastiques (pour ne pas parler des simples seigneurs et bourgeois) contribue à accumuler des capitaux considérables entre les mains des marchands d’argent. N’oublions pas, en effet, que le taux de l’intérêt est très élevé : rarement inférieur à 20 ou 25 %, il s’élève parfois jusqu’à 50 ou 60 %. Une classe de financiers tend donc à se créer, que viennent grossir encore les fonctionnaires financiers des princes, laïques ou ecclésiastiques, dont

  1. Voy. Ramon Carande, Sevilla fortaleza y mercado (Anuario de historia del derecho espanol, t. II, 1925).