Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sistance ; elles doivent les faire venir d’abord des riches plaines picardes, puis des pays de la Baltique, et c’est ainsi qu’ils constitueront un entrepôt, où se fourniront plusieurs pays de l’Europe. Les Pays-Bas du Nord ne possèdent aussi ni assez de bois pour leurs constructions maritimes, ni les métaux dont ils ont besoin. Ainsi naît un puissant mouvement d’échanges, qui ne fera que se développer au cours du XVe et du XVIe siècle, pour s’épanouir merveilleusement au XVIIe siècle. La vie urbaine y a joué, de bonne heure, un rôle prépondérant : c’est à Middelbourg, à Dordrecht, à Rotterdam, puis à Amsterdam que s’est concentrée toute la vie économique du pays[1].


5. Premiers symptômes en France — Du reste, — il ne faut pas se le dissimuler -, la situation économique des républiques italiennes et des villes des Pays-Bas apparaît comme vraiment exceptionnelle. Ailleurs, le capitalisme ne se manifeste que d’une façon très atténuée.

On se l’explique, si l’on songe que le commerce — le grand commerce tout au moins — n’a pas encore un caractère permanent, mais périodique. L’insuffisance des voies de communication, l’absence de sécurité, le petit nombre de centres urbains importants nous expliquent les raisons de cette périodicité. Voilà pourquoi le grand commerce se concentre presque entièrement dans les foires jusqu’à la fin du Moyen âge. Les foires les plus importantes se sont créées naturellement au carrefour des grandes voies de communication terrestre, comme la Champagne et Lyon, quelquefois à proximité

  1. Voy. J. G. Van Dillen, Het economisch karakter der middeleeuwsche stad, Amsterdam, 1914 ; H. J. Smit, De opkomst van den handel van Amsterdam, Amsterdam, 1914 ; Z.-W. Sneiler, Le développement du commerce entre les Pays-Bas septentrionaux et la France jusqu’au milieu du XVe siècle (Revue du Nord, 1922).