Marez dans son Étude sur la propriété foncière dans les villes au Moyen âge, la population urbaine se différencie en plusieurs classes économiques, nettement tranchées : il y a opposition des riches et des pauvres ; il se constitue un patriciat urbain composé de marchands enrichis et de rentiers, possédant des biens-fonds et des maisons.
Toutefois, dans les villes des Pays-Bas, l’expansion du capitalisme est gênée, à la fin du Moyen âge, par les révoltes des « gens du commun » contre l’exclusivisme de plus en plus étroit du patriarcat urbain, qui gouvernait les villes. N’empêche que, dès le Moyen âge, on voit s’y former une économie industrielle, qui ne se développera pleinement ailleurs qu’au XVIIIe siècle.
Quant aux cités épiscopales des Pays-Bas, leur situation économique se distingue par un caractère particulier, que M. Pirenne a admirablement mis en lumière. On n’y trouve pas de gros marchands exportateurs ; mais, comme l’évêque est entouré d’une cour nombreuse, il y a là une clientèle toute trouvée pour de nombreux fournisseurs, artisans et marchands. En outre, les besoins financiers, — souvent considérables -, des établissements ecclésiastiques déterminent la formation d’une classe de changeurs, d’hommes de finance, qui créent un véritable capitalisme financier.
À considérer les Pays-Bas du Nord (Hollande et Zélande), on peut prévoir, dès le Moyen âge, qu’ils deviendront la terre élue du capitalisme commercial. Le grand commerce s’y est développé de bonne heure, précisément parce que la nature ne leur fournissait pas tout ce qui était nécessaire à leur vie économique. De bonne heure, la pêche (surtout la pêche du hareng) y avait été très florissante et leur permettait une importante exportation. Mais la Hollande et la Zélande, pays de pâturages et de petite culture maraîchère, ne produisent pas la quantité de grains nécessaire à leur sub-