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fonds ». On voit apparaître des instruments de crédit comme la lettre de foire et la lettre de change.

Le commerce accroît le stock monétaire, ce qui produit une hausse des prix, qui a de graves conséquences, même en ce qui concerne le régime agraire, qui favorise notamment l’affranchissement des paysans.

Aux Pays-Bas, comme en Italie, le capitalisme commence à s’appliquer à l’industrie, tout en gardant sa forme commerciale. Dans toutes les villes, on trouve des artisans, comme les boulangers, tailleurs, menuisiers, qui travaillent pour le marché local. Mais il est aussi des industries, comme la fabrication des draps et du laiton, qui travaillent pour des marchés lointains. Les artisans, dans ces métiers, ne se trouvent pas en contact avec le public. Ils subissent la domination du négociant exportateur, du drapier, qui souvent achète lui-même la laine, la fait travailler, se charge en tout cas du finissage, puis vend le drap fabriqué. Ce drapier est un capitaliste, et les artisans ne sont que des salariés, fort nombreux dans les centres de l’industrie de la laine ; ainsi, à Gand, on en compte 4 000 sur une population totale de 50 000 habitants. C’est là une organisation économique vraiment nouvelle, reposant sur ce que l’on a appelé l’industrie domestique, et qui annonce la grande industrie moderne. Toutefois, même aux Pays-Bas, les industries à forme capitaliste ne se sont développées que dans un nombre assez restreint de villes et elles n’ont pas donné naissance à de grandes agglomérations  : Ypres, au XVe siècle, n’a pas une population supérieure à 10 000 âmes, Gand et Bruges, à 50 000 et 40 000 ; Louvain, Bruxelles et Liège n’ont pas plus de 20 à 30 000 habitants. Ce ne sont que des îlots clairsemés et peu denses.

La conséquence de cette forme nouvelle d’organisation du travail, c’est que, comme le montre M. G. des