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raître principalement dans deux régions favorisées au point de vue économique, dans les républiques municipales de l’Italie et aux Pays-Bas. Pourquoi ces deux régions ont-elles été les premiers champs d’élection du capitalisme ? C’est que le commerce maritime avec l’Orient, — à la suite des Croisades —, a doté les républiques italiennes d’une grande masse de capitaux. C’est que les Pays-Bas ont été l’un des principaux entrepôts entre l’Orient et le nord de l’Europe. Dès le Moyen âge, semble-t-il, c’est le grand commerce qui est la source essentielle du capitalisme.

D’ailleurs, si l’on veut voir comment le capitalisme a pris naissance et s’est développé en Italie, on peut prendre comme exemple la grande cité de Florence.

À Florence, les métiers se divisent en trois catégories les Arts majeurs, les Arts moyens et le, Arts mineurs. Or, les premiers se composent surtout de marchands : l’arte di Calimala (vendeurs et finisseurs de draps d’outre-monts) ; l’arte della lana (fabricants de draps) ; l’arte di Por Santa Maria (marchands de nouveautés et de soieries). Le grand commerce florentin, qui sert d’intermédiaire entre l’Occident et l’Orient, a pris de bonne heure un caractère capitaliste, et en particulier l’arte di Calimala. Les maîtres du métier opèrent les ventes en gros ; ils ont des comptoirs dans le Levant et fréquentent aussi les foires européennes, notamment celles de Brie et de Champagne, où ils achètent des draps de France, de Flandre et d’Angleterre. Ils tiennent dans leur dépendance une quantité considérable de sottoposti (comptables, commis et artisans, tels que teinturiers, apprêteurs et tondeurs). Réglant leurs comptes par lettres de change, ils se livrent naturellement à des opérations de banque.

Toutefois, de bonne heure, on trouve à Florence des changeurs et des banquiers, qui sont spécialisés dans cette