Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quant au crédit et à l’organisation bancaire, leur développement est encore plus lent, surtout sous la Restauration. La Banque de France reste la principale institution de crédit. Cependant, des banques provinciales importantes (sociétés par actions disposant de capitaux assez considérables) se créent : de Bordeaux, dès 1818, de Rouen et Nantes, à peu près à la même époque, puis, de 1835 à 1838, les banques de Lyon, de Marseille, de Lille, du Havre, de Toulouse, d’Orléans. En 1830, la Banque de France escompte pour 239 millions de billets, en 1840 pour 251, tandis que les banques de province en escomptent pour 60, en 1848 ; la Banque de France escompte 288 millions de billets, et les autres banques, 90.

Ce que l’on appelle la « Haute Banque », et notamment la maison Rothschild, s’occupe surtout des emprunts d’État[1]. Ces emprunts, qu’il était encore assez difficile de contracter au début du XIXe siècle, — puisque la Prusse, débitrice de Napoléon, eut toutes les peines du monde à trouver des prêteurs en Hollande[2] —, se multiplient au cours de ce siècle et contribuent fortement aux progrès du capitalisme financier. Les grands établissements de crédit : Crédit mobilier, Comptoir d’Escompte, Crédit lyonnais, ne se créeront et développeront que dans la seconde moitié du siècle. La Bourse, il est vrai, devient plus active, surtout grâce aux spéculations, provoquées en particulier par la création des sociétés de chemins de fer. Cependant, on ne fait encore que s’acheminer vers le triomphe du capitalisme financier.

C’est aussi sous la monarchie de juillet que la publi-

  1. P. Dupont-Perrier, Le marché de Paris sous le Second Empire, 1925 (thèse de Droit).
  2. Voy. Lesage, Napoléon Ier créancier de la Prusse, Paris, 1924.