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liale, et où l’évolution ne sera achevée que dans la seconde moitié du XIXe siècle[1].

Toutefois, vers le milieu du XIXe siècle, la petite industrie joue encore en France un rôle important : elle prédomine toujours à Paris, comme le montre la Statistique de la Chambre de commerce, de 1851. Dans la plupart des petites villes, on trouve surtout des artisans, des petits patrons, comme en fait foi l’Enquête du Comité du travail, de 1848. Dans certaines industries, comme la ganterie grenobloise, la concentration ne se manifeste vraiment qu’à la fin du XIXe siècle[2].

L’activité commerciale et financière de la France ne s’est aussi développée qu’assez lentement dans la première moitié du XIXe siècle.

Considérons, en effet, que la longue série des guerres de la Révolution et de l’Empire avait à peu près anéanti notre empire colonial et notre commerce maritime. Celui-ci ne put se relever que peu à peu. Grâce à l’initiative d’un certain nombre d’armateurs (notamment de Bordelais), on s’efforça de renouer les anciennes relations ou d’en créer de nouvelles avec les régions du Pacifique et de l’Extrême-Orient. Malgré le régime protectionniste, néfaste au commerce extérieur, celui-ci réalise des progrès, qui, déjà appréciables à la fin de la Restauration, s’accélèrent beaucoup sous la monarchie de juillet. Le tonnage des entrées dans les ports français, qui était de 690 000 tonneaux, en 1820, d’un million en 1830, s’éleva, en 1845, à 2 300 000[3].

  1. Dans le Faucigny, l’industrie horlogère conserve son caractère familial jusqu’au XXe siècle ; les montagnards consacrent à cette fabrication leurs longs loisirs d’hiver. Voy. A. Cholley, Les Préalpes de Savoie, Paris, 1925.
  2. R. Blanchard, Grenoble, Paris, 1911, p. 107 et suiv. — Sur tout ce qui précède, voy. E. Levasseur, Histoire des classes ouvrières et de l’industrie après 1789, 2e édition ; H. Sée, Esquisse de l’évolution industrielle de la France de 1815 à 1848 (Revue d’Histoire économique, 1923).
  3. Voy. Pierre de Joinville, Balguerie-Stuttenberg et son œuvre, Paris, 1914 ; Clapham, Economic development of France, and Germany, p. 117 et suiv. ; E. Levasseur, Histoire du commerce, t. II ; Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, t. 9 : le commerce.