une régression, que, par suite des conquêtes arabes, se soit manifestée, à ce moment, une interruption presque complète de l’activité commerciale, qui s’était maintenue partiellement depuis l’antiquité romaine[1]. Quoi qu’il en soit, la société s’est immobilisée « dans les cadres locaux où se développent ensemble le système domanial et le système féodal ». Dans cette vie rétrécie, des formes nouvelles d’activité économique ne pouvaient prendre naissance.
Cependant, l’établissement du régime féodal, la constitution d’une noblesse militaire ont pu, dans une certaine mesure, briser ce qu’avaient de trop rigide les cadres anciens, leur donner plus d’élasticité et contribuer, par le fait même, aux futures transformations économiques et sociales, qui marqueront le triomphe de l’individualisme.
Qu’est-ce, en effet, que le chevalier (le miles) ? C’est l’homme libre, capable de s’équiper et de servir à l’armée en combattant à cheval. Pour cela, la fortune, la possession d’une terre ne sont nullement indispensables. Le vassus, c’est souvent l’homme robuste, énergique, brave et audacieux, capable de suivre à la guerre un chef militaire ; il peut être d’humble origine, il peut même être né serf. L’habitude s’introduit de payer les services du vassal par la concession d’un fief ; mais, à l’origine, cette concession du fief n’implique que des rapport strictement personnels. Il est vrai que, de bonne heure, l’hérédité du fief s’établit : pour les fils des nobles, la possession du fief suffit pour déterminer leur condition noble. Mais cela ne veut pas dire que la classe noble soit fermée : les roturiers, possesseurs de fiefs et admis à l’hommage, deviennent nobles.
- ↑ Voy. H. Pirenne, Un contraste économique : Mérovingiens et Carolingiens (Revue belge de philologie et d’histoire, avril 1923). Cf. A. Dopsch, Wirtschaftliche und soziale Grundlagen der europaeischen Kulturentwicklung, Vienne, 1918-1920, 2 vol.