important. L’accumulation des capitaux mobiliers était surtout le résultat de la ferme des impôts, du commerce des biens et de l’usure que pratiquaient les publicains. Sans doute, dans le monde romain, il existait des sociétés financières, des banques, des changeurs de monnaie, qui opéraient de grosses opérations financières. Mais les argentarii ne peuvent se comparer aux banquiers modernes, dont les capitaux immenses alimentent l’industrie, le commerce, « contrôlent » tout le mouvement économique. Comme le montre fort bien l’excellent ouvrage de Salvioli sur Le capitalisme dans le monde antique, les Romains n’ont pas connu l’organisation du crédit, les lettres de change, les valeurs mobilières. En admettant même que le capitalisme se soit manifesté dans quelques grands centres commerciaux, l’immense majorité de l’Empire a échappé à son emprise. La vie urbaine n’a qu’assez peu d’importance ; les classes riches habitent surtout leurs domaines ruraux. On ne saurait parler d’ouvriers salariés, car leur fonction est surtout remplie par la main-d’œuvre servile. En somme, c’est l’économie naturelle, qui prédomine, et, lorsque l’Empire s’effondre, c’est la propriété foncière qui, seule, reste debout.
2. Le régime féodal et les progrès de l’individualisme. — Pendant la période du pré-Moyen âge, tout au moins à partir du règne de Charlemagne, la vie économique se restreint presque uniquement aux grands domaines ruraux ; la vie urbaine est réduite presque à rien. L’industrie et le commerce n’ont qu’une importance très limitée et, comme le montre M. L. Halphen dans ses Études critiques sur le règne de Charlemagne, il ne faut pas se faire trop d’illusions sur la renaissance économique de l’époque de Charlemagne. Il est même possible, comme, le croit M. Pirenne, que celle-ci marque