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sance le grand commerce maritime. C’est le capitalisme, sous sa forme commerciale, qui est à l’origine du système colonial, adopté depuis le XVIe siècle, avec plus ou moins de rigueur, par toutes les puissances maritimes. Toutes étaient avides de se procurer les denrées tropicales et surtout les métaux précieux, que l’on considérait comme la source même de la richesse.

Et, en fait, l’afflux des métaux précieux, l’accroissement du stock monétaire ont eu une énorme influence sur la formation du capitalisme moderne ; ainsi s’explique l’importance mondiale des places de Cadix, où arrivaient l’or et l’argent du Nouveau-Monde, d’Amsterdam, qui en devint le principal marché au XVIIe siècle, puis de Londres, qui succéda à Amsterdam, dans la Seconde moitié du XVIIIe siècle.

Mais voici que le développement même de ce capitalisme tendait de plus en plus à la ruine de l’ancien système, qui devenait une entrave à toute l’expansion économique. L’Espagne, qui poussa à l’extrême, pour ne pas dire à l’absurde, le système mercantile et le principe du monopole métropolitain, paya son aveuglement de sa ruine. L’Angleterre, qui avait laissé plus de liberté à ses colonies, souffrit moins du régime, mais dut cependant finir par l’abandonner. Quant à la France, si elle subit la perte de ses Antilles, qui, au XVIIIe siècle, avaient fait la richesse de son commerce maritime, ce ne fut qu’une conséquence indirecte du système colonial ; il est vrai que les guerres de l’époque révolutionnaire dérivent, en partie, de la rivalité maritime et coloniale, qui, depuis un siècle, la mettait aux prises avec l’Angleterre.


6. Les causes profondes de l’émancipation des colonies. — Considérons encore que l’émancipation de l’Amérique anglaise, — et plus tard à un moindre degré de l’Amérique