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ni consommer des marchandises étrangères, ni acheter aux étrangers des marchandises que la mère-patrie peut leur fournir. Les colonies ne doivent se livrer qu’à l’agriculture, et le transport de leurs productions sera réservé à la métropole. On estimait, d’ailleurs, que ce régime devait être aussi avantageux aux colons qu’à l’Angleterre elle-même.


3. Politique commerciale de l’Angleterre. — On comprend alors le caractère qu’affecte la politique commerciale et coloniale de l’Angleterre. Déjà en 1621, une ordonnance royale avait interdit à la Virginie d’exporter ses produits à l’étranger sans les avoir préalablement débarqués en Angleterre ; mais elle resta à peu près lettre morte, grâce au trafic des Hollandais, qui emportaient dans leur pays une partie du tabac de la Virginie et la fournissaient, en retour, de marchandises européennes.

Bien plus important et plus général est l’Acte de navigation, de 1651. Il établit en substance : 1° les marchandises provenant d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique ne pourront être transportées en Angleterre que par des vaisseaux appartenant à des Anglais et dont l’équipage sera en majorité anglais ; 2° les marchandises provenant de l’Europe ne pourront être transportées en Angleterre ou dans ses dépendances que par des vaisseaux anglais ou appartenant au pays producteur.

La loi de 1660 fut beaucoup plus intransigeante encore, puisque, d’après elle, tous les transports entre la métropole et ses colonies étaient réservés aux vaisseaux anglais, c’est-à-dire appartenant à des Anglais, à des Irlandais ou à des colons anglais, et dont les trois quarts de l’équipage seraient anglais ; c’était écarter les étrangers des colonies. Toutefois, la loi ne fut gênante que pour la Virginie et le Maryland, qui se passaient diffi-