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commerce and trade, l’agiotage est un véritable scandale public[1]. David Hume et Adam Smith condamnent tout aussi vigoureusement les péculations de bourse. Seul, à ce moment, le Traité du crédit et de la circulation, de Josef de Pinto (publié en 1771), décrit avec grande précision et avec éloge le commerce des « valeurs », ainsi que la spéculation sur les fonds.

Un signe des temps nouveaux, ce sont encore la naissance et les progrès de la publicité au XVIIIe siècle. M. Sombart montre aussi avec beaucoup de force à quel point la publicité était contraire aux anciennes mœurs économiques. Dans les corporations, on s’efforçait d’assurer à tous les maîtres les moyens de vivre, notamment en leur procurant la main-d’œuvre nécessaire. La conception de la concurrence est tout à fait antipathique aux artisans et marchands de l’époque. Le maître doit attendre tranquillement les clients dans sa boutique ; telle est encore l’idée de De Foe dans son Complete english tradesman, au début du XVIIIe siècle. L’annonce commerciale, la réclame, semble un procédé de concurrence déloyale. Cependant l’annonce commerciale commence à être pratiquée en Hollande dans le troisième tiers du XVIIe siècle, en Angleterre, à la fin du même siècle. À ce point de vue-là, la France est aussi en retard, car dans le Dictionnaire du commerce, de Savary des Brulons, le mot réclame est indiqué comme étant un terme d’imprimerie et l’affiche a encore le sens général de « placard ». C’est seulement en 1751 que furent fondées à Paris les Petites Affiches, dans lesquelles les annonces commerciales ne se multiplièrent qu’assez tard. Une ordonnance de 1761 considère encore comme une chose condamnable le fait que des marchands de Paris ont « répandu dans le public des billets », pour annoncer

  1. Articles Paper credit et Moneyed interest.