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plus importante par ses tractations financières que par ses transactions commerciales.

C’est encore au XVIIIe siècle qu’on voit se créer en France la première grande société d’assurances, par actions, mais seulement en 1750-1753. En 1750, en effet, est fondée la Compagnie d’assurances maritimes ; elle se transforme, dès 1753, en Compagnie d’assurances générales, qui comprend aussi l’assurance contre l’incendie des maisons. En 1750, le capital avait été fixé à 4 500 000 livres, mais fut porté, dès l’année suivante, à 12 millions ; les actions sont de 3 000 livres[1]. Cette compagnie, dont les taux d’assurance étaient très modérés pour l’époque, fit une concurrence dangereuse aux assureurs particuliers, très nombreux dans les ports. Mais, en ce qui concerne les assurances, la France se trouvait aussi en retard sur des puissances économiquement plus actives[2].

Il est intéressant de remarquer que la première compagnie d’assurances contre l’incendie n’assure pas les meubles. La seconde, qui fut créée le 6 novembre 1786 (sous le titre de Compagnie d’assurances contre l’incendie), assura les meubles, mais non les bijoux et les valeurs. L’assurance sur la vie fut très tardive ; ce fut seulement le 3 novembre 1787 que le privilège en fut conféré, pour quinze ans, à la Compagnie d’assurances contre l’incendie, mais il ne fonctionnera que jusqu’en 1793[3]. Bientôt d’ailleurs, le Comité de mendicité de la Constituante allait songer à créer un système d’assurances sociales, en s’inspirant du mathématicien Duvillard,

  1. Voy. Savary des Brulons, Dictionnaire universel de commerce, éd. de Copenhague, 1759 1765, t. V, col. 1697 et suiv.
  2. Notons que, dès 1720, fut créée à Hambourg une Compagnie d’assurances maritimes ; cf. Amsinck, Die erste hamburgische Assecuranz-Compagnie und der Actionhandel in 1720 (Zeitschrift des Vereins für hamburgische Geschichte, t. IX, p. 465 et suiv.).
  3. Remarquons que cette Compagnie donnait au Roi un quart de son profil pour l’entretien d’un corps de pompiers à Paris.