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de l’étang où nous l’avons accompagné le matin avec Claire, près d’un banc autour duquel s’éplorait un grand saule le couvrant presque comme un berceau. Il s’assit à cet endroit qu’il n’avait nullement désigné à la jeune fille, mais où il savait qu’elle viendrait, puisqu’il est pour les amoureux un livre auquel seuls ils savent lire. Son esprit surexcité par la vision si troublante du matin donnait un corps à ses rêves d’amour. Claire était déjà auprès de lui, il lui parlait, la respirait, la couvrait de baisers. Cette attente ne lui causait nulle inquiétude ; n’avait-il pas vu l’amour de Claire rayonner dans ses yeux ? Son cœur lui disait qu’elle viendrait, et le cœur peut-il se tromper ?

Non, car elle apparut soudain à la pointe d’une allée, la tête tendue en avant, délicieuse sous la pâle clarté de la lune.

En un instant, Claude fut près de la jeune fille. Il l’attira dans l’ombre et l’asseyant doucement sur un talus de gazon, s’agenouilla à ses pieds. Elle ne songeait pas à résister à cette violence silencieuse, obéissante et comme impassible sous ce grand mouvement de passion, dont le frisson montait jusqu’à elle. Penchant doucement la tête vers lui, comme pour l’assurer de sa propre tendresse, elle le laissa caresser de ses doigts frissonnants ses