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vous entourent, il me semble qu’ils me volent un peu de vous-même ; que le son de votre voix, l’odeur de vos cheveux, tout ce charme vivant qui vous entoure se disperse et est comme profané, si bien que je préfère vous admirer de loin en silence, plutôt que de me mêler à tous ces heureux qui ne savent pas comme moi leur bonheur. Car, voyez-vous, Claire, je vous aime !

Elle rougit un peu plus, embarrassée, la poitrine haletante de plaisir. Claude l’aimait donc aussi, elle qui l’aimait depuis si longtemps. Elle ne répondit pas, mais le radieux regard de bonheur qu’elle adressa à son ami était bien la plus éloquente de toutes les réponses. Et comme elle l’écoutait sans se fâcher d’aucune de ses paroles, Claude porta à sa bouche la main de la jeune fille qui trembla légèrement sous sa lèvre, mais qu’elle ne retira pas.

Et il disait d’autres choses très douces qu’elle écoutait avec ravissement. Elle était charmante ainsi, la bouche entr’ouverte comme pour une réponse qu’elle n’osait prononcer, sa jolie figure rouge de bonheur, les yeux baissés pour cacher leur éclat qui l’eût trahie, toute tiède de cette promenade matinale.

— Je vous aime, Claire, fit-il encore.

Et, insensiblement, il l’avait prise dans ses bras,