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Bientôt le retour des pêcheuses s’annonça par un murmure de voix.

Alors, il retint son haleine et une sérénité douce entra dans son esprit, quand il vit que Claire arrivait la dernière, nonchalante, avec une sorte d’indécision dans la démarche, retournant parfois la tête comme si elle cherchait quelqu’un ; et un ravissement emplit l’âme de Claude, car il sentit que c’était lui qu’elle cherchait sans en avoir peut-être conscience. Quand elle passa près de lui, un soupir suffit à la faire se retourner. Alors, elle se pencha pour cueillir une fleur et laissa s’éloigner le groupe qu’elle suivait déjà de loin. Claude la rejoignit.

— Ma petite Claire, dit-il, vous paraissez toute songeuse, auriez-vous quelque chagrin ?

La jeune fille releva la tête et rougit comme s’il eût pu découvrir que sa pensée se portait précisément sur lui, et, sans répondre à sa question, elle lui dit avec un peu de dépit dans la voix :

— Pourquoi, méchant, êtes-vous resté à l’écart tout ce matin ?

Et très lentement il lui répondit, prenant doucement ses mains dans les siennes :

— Parce que je ne me sens vraiment avec vous que quand vous êtes seule avec moi. Quand d’autres