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dans le cœur de Claude ; elle avait seulement fait éclater un feu d’autant plus violent qu’il couvait depuis longtemps.

Claude n’essaya même pas de résister. Il ne se dit pas qu’il était mal à lui de chercher à séduire la fille de l’homme qui l’avait élevé comme son propre enfant. Tel un vent soufflant en tempête qui balaye tout sur son passage, la folie de la passion, l’ivresse de la chair avaient passé sur lui et il se sentait vaincu. Il lui fallait Claire à tout prix. Il n’aurait pas de repos qu’il n’eût assouvi cette frénésie du désir qui le poussait comme le vertige pousse à l’abîme. Toutefois, la lucidité de son esprit surexcité lui fit comprendre qu’il échouerait piteusement et sans retour s’il voulait brusquer la conquête de son amie. Il sentit qu’il ne pouvait agir que lentement, progressivement ; et dans l’audace de son désir, il ne douta pas que de familiarités légères en intimités plus grandes, de concessions vénielles en abandons plus intimes, il n’arrivât à la possession tant désirée.

Dès lors, son plan était fait, et il voulut le mettre à exécution immédiatement. Il prit vivement le chemin du château, regagnant à travers bois la poterne par laquelle devait passer la caravane et attendit, impatient, dissimulé dans la verdure.