Page:Séduction, jeunes amours, 1935.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15

d’un jeune gars bien découplé de corps et d’avenante figure.

Pourtant, par cette loi fatale et souveraine des affinités entre les êtres, Claude, à son insu, subissait depuis longtemps le charme profond qui se dégageait de la jeune fille. Il l’aimait sans le savoir, et parfois, comme ce matin même, en se rendant à la pêche, il se sentait tout heureux, éprouvait un besoin d’expansion et d’amour dont il eût vainement cherché la cause, et qui n’était que la réponse instinctive de tout son être à une question que son esprit n’avait point encore formulée.

Claire aussi aimait le jeune homme, mais plus fine, comme le sont les femmes qui ont une science si profonde du cœur, elle s’était depuis longtemps rendu compte de la vivacité du sentiment qui l’attirait vers son ami d’enfance. Elle s’était dit aussi que la différence sociale, autant que celle de la fortune, existant entre eux leur interdisait toute idée de mariage. Mais elle n’était nullement effrayée de ce penchant si doux auquel elle s’abandonnait avec une véritable volupté dans l’innocence de son cœur.

La troublante vision du matin, qui devait exercer une influence capitale dans la vie des deux jeunes gens, n’avait donc pas allumé un incendie nouveau