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LA PAILLE



Quand le soleil d’été se découvre, émergeant
Du soyeux reposoir que font les brumes floches,
Quand l’angélus chanteur va réveiller les cloches,
Les blés décolorés sont en paille d’argent.
 
Avec douze chevaux, midi, criant la faim.
Galope dans les champs que sa face irradie,
Au feu jaune volant de sa torche brandie,
Les blés chauds, rallumés, sont en paille d’or fin.
 
Quand la pourpre grandit, dans le jour décroissant,
Que le soir pâmé tremble, et que les vapeurs bougent,
On voit, dans le couchant, frémir leurs ondes rouges ;
Les blés incendiés sont en paille de sang.
 
Et par les claires nuits que la lune consacre,
Avec leur flux glacé sous son œil souriant,
Leurs épis qu’elle change en perles d’Orient,
Les blés décolorés sont en paille de nacre.
 

(Celui qui s’en va.)