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LES MUSES FRANÇAISES


Quoi ! cet adolescent anéanti près d’elle,
Comme un oiseau blessé dans la tiédeur du nid,
Quoi ! cet adolescent sera l’époux fidèle,
Le compagnon du songe et du foyer béni ?

Prise d’un tendre élan de pitié surhumaine
Pour l’être nuptial aux dons mystérieux,
Prise d’un tendre élan, sa lèvre se promène
À travers la toison des boucles d’or soyeux.

Et c’est dans ce baiser de nymphe ou de madone,
Sur le front de l’époux qui dort à son côté,
Et c’est dans ce baiser que l’épouse se donne
En la pleine ferveur de sa mysticité.

Or, voici que deux pleurs, émanés de son âme,
Des longs cils de Psyché sont tombés tour à tour ;
Or, voici que deux pleurs, brûlants comme la flamme,
Sont tombés sur le corps frais et nu de l’Amour.

L’Amour s’est envolé ; l’Amour, rouvrant ses ailes,
Est monté plus avant dans l’azur réjoui ;
L’Amour s’est envolé vers des plages nouvelles,
— Et Psyché pleure encor son rêve épanoui.