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LES MUSES FRANÇAISES


Vers tes seules clartés tendue obstinément,
La grappe de ses jours s’incline ou se relève
Selon l’heure qui glisse en ton rayonnement.



Dans la douceur d’avril, à l’heure où je suis née,
Une étoile au zénith incarnant mon destin
A brillé sur ma vie, et son pouvoir lointain
Ciel à ciel m’a suivie en égide obstinée.

Ô mon Rêve, tu fus cette étoile ! Menée
Par toi, nocturne ami, vers mon premier matin.
Je t’ai gardé ce culte exclusif et hautain,
De ne songer qu’au soir en faisant ma journée.

Et si le Doigt glacé, quelque jour en secret,
Pétrifiait mon cœur, ta forme apparaîtrait
Incrustée à jamais sur la pierre, ô mon Bêve,
 
Comme on voit s’imprimer le fossile segment
D’une étoile de mer aux galets de la grève
Que l’étreinte des flots creuse éternellement.

(Les Pierres Sonores.)