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LYA BERGER




Marie-Thérèse-Léone-Julia Berger, qui signe ses œuvres Lya Berger, est née dans le Berry, à Châteauroux. Elle débuta toute jeune dans les lettres puisqu’elle avait à peine vingt ans lorsqu’elle publia son premier volume Réalités et Rêves, pour lequel Sully-Prudhomme écrivit une élogieuse préface. Les critiques signalèrent le recueil et, sans s’attarder aux imperfections inévitables, à l’inexpérience juvénile de l’auteur, ne dédaignèrent pas de lui prédire un légitime succès. C’est qu’en effet ces premiers vers vibraient de sincérité, de curiosité, de sympathie et de ce bel idéalisme irrésistible de la jeunesse.

Les Pierres sonores ne furent pas moins favorablement accueillies. « Il y a des qualités charmantes dans ce volume, écrit André Rivoire. Les vers sont quelquefois prosaïques, mais toujours solides et pleins et certains arrangements de strophes qui attirent l’attention par leur aspect la retiennent ensuite par leur délicate harmonie ».

Mais cette harmonie et ces dons d’émotions, cette fervente et débordante pitié que l’on rencontre dans ses poésies, Mlle Lya Berger les dépare trop souvent par une facilité excessive, une abondance trop peu surveillée.

N’est-ce pas Auguste Dorchain qui dit à ce sujet : « Avec des dons magnifiques elle semble écrire, trop souvent, au hasard de la plume, mêlant des déplaisantes rudesses de rythme aux trouvailles rythmiques les plus heureuses, gâtant quelquefois de belles inspirations par une composition par trop défectueuse du poème… N’importe, il y a là des dons très rares et par-dessus tout le don de la vie. »

Ainsi Mlle Lya Berger nous apparaît, comme un poète d’une inspiration abondante, presque prolixe, mais aussi, comme une âme généreuse, simple et sincère, essayant de toucher plutôt qu’étonner ou éblouir. Elle s’adresse à ce qu’il y a de bon en nous. Elle aime la justice, la charité et veut que nous les aimions comme elle.

Malheureusement cette philosophie largement humaine, est diffuse et trop éparse à travers l’œuvre. L’auteur n’a pas su se borner. Il émiette son inspiration. Et ce qu’il gagne en développements, il le perd en profondeur. Il ne suffit pas d’avoir beaucoup d’idées ; encore faut-il les classer, les sérier, les polir et les mettre en valeur.

BIBLIOGRAPHIE. — Poésie : Réalités et Rêves, Sté-Française d’Imprimerie, Paris, 1901. in-18. — Les Pierres sonores, Sté-Française d’Imprimerie, Paris, 1905, in-18. — Théâtre : L’âme des roses, un acte, en vers (Théâtre de l’Athénée St-Germain), Sté-Française d’Imprimerie, Paris, 1903. — Le Rêve au cœur dormant, un acte en vers (même librairie), Paris, 1904.

COLLABORATION. — Critique littéraire à La Française. — La Femme contemporaine.