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Où jadis tu dansais, le péplos aux genoux,
Sous les rythmes vibrants de mes cymbales rondes…

Hellé ! reviens t’asseoir à mon foyer discret ;
J’ai dérobé pour toi… gardes-en le secret !
Un petit miroir d’or et des colliers d’opales…

Je tairai mon amour afin de t’apaiser…
Des anneaux merveilleux cercleront tes doigts pâles
Et tu me donneras tes pieds pour les baiser !

(L'Âme brûlante.)


MADAME « LILAS BLEU »



Madame « Lilas Bleu » sort de son blanc yamen,
Souple, battant des bras pour garder l’équilibre,
Tel un oiseau captif tout joyeux d’être libre…
Elle mord en rêvant ses lèvres de carmin.

Chez la noire matrone, après lent examen,
Elle a choisi du musc, une horloge qui vibre,
Des bonbons et, merveille ! un éventail en fibre
De lotus, dont se pare et s’anime sa main.

Sur sa coiffure folle et luisante se juche
Un bizarre ornement en forme de perruche,
Dont sourit le passant qui regarde, ébahi !

Madame « Lilas Bleu » s’ennuie ; elle s’arrête
Un instant sur la place où l’on coupe une tête…
Puis va prendre le thé chez son vieux Koutaï !

(L'Âme brûlante.)