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Les critiques d’aujourd’hui ont vraiment d’extraordinaires connaissances. Leur érudition aboutit au fabuleux !
Pas moyen d’avoir la moindre faiblesse, de commettre le plus mince oubli : rien ne leur échappe. Omettez-vous de citer un personnage de neuf cent dixième ordre, un fait de conséquence improbable, voilà votre négligence relevée, signalée et qui prend de telles proportions que tout votre travail se trouve compromis. L’omission peut être Volontaire, d’ailleurs ; il n’importe. L’essentiel n’est pas d’être juste mais de se montrer informé. Un critique — de ces critiques dont je parle ! — doit toujours être mieux renseigné que l’auteur du livre, — que tous les auteurs de tous les livres — veux-je dire, — soumis à son jugement.

Ainsi ai-je pu me voir reprocher d’avoir oublié de citer, dans le premier tome de cette anthologie, des muses de la valeur de Mme du Boccage, de Mme Guibert, de Fanny Mouchard et une demi-douzaine d’autres, de même importance. Pourquoi ne m’a-t-on pas parlé aussi de Marie-Anne Barbier, de la présidente de Bretonvilliers, de Mme Hourlier-Dourlens, de Mme de Gomez, de Sophie Sanerno, de Mme Bourette, de Paule du Viguier, de la Comtesse d’Houdetot... Je pourrais continuer de la sorte pendant deux pages. — On a mieux aimé sans doute me prendre en faute sur l’œuvre de « haute valeur » d’une poétesse « cependant bien connue » : Clotilde de Surville.

Ce reproche, ce n’est pas une fois qu’on me l’a adressé mais Trois fois

Je suis un peu confus d’insister sur cet exemple d’érudition littéraire ; pourtant, ce que tous mes lecteurs savent certainement, dois-je le laisser ignorer à mes censeurs désinvoltes ?Commettrai-je un pareil acte de mauvaise