Fuyant la rigueur d’une main.
Quelquefois vous faites la morte,
Puis d’une ruse plus accorte
Vous fraudez le doigt poursuivant
Qui pour vous ne prend que du vent.
Oh ! Mon Dieu ! de quelle manière
Vous fuyez cette main meurtrière
Et vous cachez aux cheveux longs,
Comme Syringue entre les joncs.
Ah ! que je crains pour vous, mignonne,
Cette main superbe et félonne !
Hé ! pourquoi ne veut-elle pas
Que vous preniez votre repas ?
Votre blessure n’est cruelle,
Votre pointure[1] n’est mortelle
Car en blessant pour vous guérir.
Vous ne tuez que pour vous nourrir…
Puce, si ma plume était digne[2],
Je décrirais votre origine :
Et comment le plus grand des dieux.
Pour la terre quittant les cieux
Vous fit naître comme il me semble
Orion et vous tout ensemble,
Mais il faudra que tel écrit
Vienne d’un plus gentil esprit.
l’amour
Sous un laurier triomphant
Amour regarde la belle,
- ↑ Piqûre.
- ↑ Se prononçait dine.
J’ai vu mille beautés dont l’appas doucereux
Eût pu ensorceler l’âme la plus rebelle.
Mais jamais je n’en vis qui fut égale à Celle
Qui rend de ses vertus Poitiers si orgueilleux
J’ai ouï les propos d’une dame savante,
J’ai goûté les accords d’une voix qui enchante !
Mais jamais je n’ouïs rien qui pût approcher
Des discours excellents et de la voix mignarde
De Des Roches qui peut transformer en rocher
Celui-là qui l’écoute ou bien qui la regarde.