Et moi aussi le veux ; car, se m’ait Dieux[1],
Au fort[2], c’était foleur[3], quand je m’avise[4]
De refuser ami si gracieux.
Et j’ai espoir qu’il a tant de valeur[5]
En vous, que bien sera m’amour assise ;
Quand de beauté, de grâce et toute honneur,
Il y a tant, que c’est droit qu’il suffise[6]
Si est bien droit que sur tous vous élise.
Car vous êtes bien digne d’avoir mieux ;
Si ai eu tort, quand tant m’avez requise,
De refuser ami si gracieux.
Si vous retiens, et vous donne m’amour.
Mon fin cœur doux, et vous pri, que fantise[7]
Ne soit en vous, ni nul autre faux tour ;
Car toute m’a entièrement acquise
Vo[8] doux maintien, vo manière rassise,
Et vos très doux et amoureux beaux yeux ;
Si aurai-je grand tort, en toute guise[9],
De refuser ami si gracieux.
Mon doux ami, que j’ai m’sur tous et prise,
J’oy[10] tant de bien de vous dire, en tous lieux.
Que par raison devrai-je être reprise
De refuser ami si gracieux.
Hé dieux ! que le temps m’ennuie !
Un jour m’est une semaine ;
Plus qu’en hiver longue pluie.