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LOUISA SIÉFERT

Ban3 une étude sur la poésie et les poètes de la nouvelle génération, parue dans la Revue des Deux Mondes de 1869, M. Louis Etienne, après avoir parlé de quelques livres dus soit à François Coppée, Ed. Pailleron, A. Theuriet, etc., écrivait :

..... « Nous sommes amenés à clore cette évolution de la poésie contemporaine par l’ouvrage le plus personnel, k notre avis, le plus remarquable peut-être et certainement le plus contraire aux habitudes du public, l’ouvrage d’une jeune fille, les Rayons Perdus, de Mlle Louisa Siéfert ».

Qui était cette Louisa Siéfert, ainsi révélée ?

Emilie-Georgette-Louisa Siéfert naquit à Lyon le 1*"^ août 1845. Son père Henri Siéfert, était de Gudensberg, dans la Hesse Electorale, mais il s’était fait naturaliser français de bonne heure. Sa mère Olympe Belz était d’origine suisse.

De santé très délicate, Louisa Siéfert tomba malade toute jeune et elle passa une grande partie de sa courte vie dans le lit ou sur la chaise-longue de la convalescente. Elle se prit d’amour pour un ami d’enfance qui se maria, ce qui fut un coup terrible pour la frêle jeune fille. C’est cette doueur, jamais complètement étouffée, qui donnera de la gravité à ses vers.

Le véritable maître de Louisa Siéfert fut Charles Asselineau, auquel elle soumettait tous ses écrits. C’est lui qui la présenta ii l’éditeur Lemorre qui publia les Rayons Perdus, son premier livre, (jui obtint uu grand et légitime succès. Déji la jeune femme était maîtresse de sa forme, une forme sévère et vraiment belle, et elle s’aHiniiait poète de haute inspiration. Comme presque toutes ses sœurs en poésie, ce sera dans l’expression des sentiments iiassionnels, (jue Loui.^a Siéfert excellera.

Elle aura des cris superbes et toujours marqués [d’une forte personnalité. Froissée dans son amour, elle s’écriera dans un rude élan d’orgueil :

Non, non je ne suis pus de ces femnu’x qui mfuretU
Et rendent ce dernier service à leurs bourreaux.
Pour qu’ils vivent en paix et sans soucis demeurent.

Mais que le calme descende en son Ame, qu’elle se laisse aller au charme de la rêvorie, son ton sera tout autre. Et dans uu joli sentiment féminin, elle dira avec une tristesse des i)lus tendres en s’adroA-^ant aux objets fainiliers de sa vie de jeune femme :

Laine hlatiche. crochet, roulés entre tnes doi<jts,
Coinl’ien rous iii-je dit de secrets autre/ois ?
Combien uvez-vous vu de doux rêves s’i’clore ?
Vous en souvenez-vous ?… IltUas ! J’en tremble encore.

Quand mon cœur, palpitait d’espérance et d’orgueil.
Nous épiions « n bruit de pas à notre seuil.
Un coup rapide et sec derrière notre porte.
Tandis qu’en niévic tempx une voix claire et forte