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LOUISE COLET


air du beau. » Et encore  : « Sa poésie a un assez beau busc, ou buste si vous voulez. C’est comme la dame elle-même. La trouvez-vous belle ? me disait-on un jour. — Oui, ai-je répondu, elle a l’air d’être belle ».

Quant à Flaubert, il lui écrivait : « Écoute bien ceci et médite-le : tu as en toi deux cordes, un sentiment dramatique, non de coups de théâtre, mais d’effets, ce qui est supérieur, et une entente instinctive de la couleur, du relief (c’est ce qui ne se donne pas, cela). Ces deux qualités ont été entravées et le sont encore par deux défauts dont on t’a donné l’un et dont l’autre tient à ton sexe : le premier, c’est ce philosophisme, toute cette bavure qui vient de Voltaire et dont le père Hugo lui-même n’est pas exempt ; la seconde faiblesse, c’est le vague, la tendromanie féminine. Il ne faut pas, quand on est arrivé à ton degré, que le linge sente le lait ».

Malgré sa peur de froisser la vanité toujours à vif de son amie, Flaubert est ici dans le vrai. On en jugera par les vers que nous citons ci-après.

Outre plusieurs recueils de poésies, Mme Louise Colet a édité les lettres de Benjamin Constant et de Mme Récamier. Elle est morte à Paris le 8 mars 1876.

BIBLIOGRAPHIE DES ŒUVRES POÉTIQUES : Fleurs du Midi, 1836. — A ma mère / 8 juin 1839 ; Penserosa, 1839, in-8. — Les Funérailles de Napoléon, 1840. in-8o. — Poésies, 1842, (grd in-4o tiré à 25 exemp.). — Le Marabout de Sidi-Brahim, suivi de la Chanson des soldats d’Afrique, 1845. — Les Chants des vaincus, 1846. — Ce qui est dans le cœur des femmes, 1852, in-18. — Le Poème de la femme, 1853. — Ce qu’on rêve en aimant, 1854, in-12. — Quatre poèmes couronnés par l’Académie française, 1855. — La Satire du siècle : I, Paris Matière ; II, La Voix du Tibre, 1808. in-8o.

CONSULTER : Journal des Goncourt, —[Eugène de Mirecourt, Louise Colet, [dans Les Contemporains. — Flaubert : Correspondance, Paris, 1887-1893. — Sainte-Beuve, Correspondance, t. I. ; Correspondance inédite avec M. et Mme Juste Olivier, Paris, 1904. — FÉLIX Cambon, Annales romantiques, juin/juillet 1904. — C. LATREILLE, Annales romantiques, octobre, novembre 1904. — LÉON SÉCHÉ, Alfred de Musset, t.II.Paris, 1907.

SONNET

Avoir toujours gardé la candeur pour symbole,
Croire à tout sentiment noble et pur. et souffrir ;
Mendier un espoir, comme une pauvre obole,
Le recevoir parfois, et longtemps s’en nourrir !

Puis, lorsqu’on y croyait, dans ce monde frivole
Ne pas trouver un cœur qui se laisse attendrir !
Sans fixer le bonheur voir le temps qui s’envole ;
Voir la vie épuisée, et n´oser pas mourir !