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MADAME AMABLE-TASTU

Mme Tastu (Sabine-Casiiuire-Amable) naquit à Metz le 31 août 1798, Elle était fille de Jacques-Philippe Voïart ancien adininistrateur général des vivres et de Jeanne-Amable Bouchotte, sœur du ministre de ce nom. Sa mère mourut quand elle avait sept ans. Son père se remaria bientôt, n avait épousé une femme de talent qui devait se faire connaître comme romancière ; elle signait Elise Voïart. A neuf ans, la petite Sabine faisait déjà des vers. A dix-sept ans, elle publia quelques petits poèmes sur les fleurs et l’un deux, le Narcisse, parut dans le Mercure que dirigeait alors Joseph Tastu, un ancien imprimeur de Perpignan. Ce fut pour la jeune muse l’occasion de connaître le directeur de cet important périodique.

Et, en 1816, Mlle Voïart devenait Mme Tastu.

A dater de ce moment, elle s’adonna tout entière à la poésie ; elle fit paraître de nombreuses pièces. En 1821, l’Académie française lui donne une couronne. La même année, puis en 1823, elle obtient des prix aux Jeux floraux. Ses succès se multiplient.

En 1824, lors du sacre de Charles X, les oiseaux qu’on avait lâchés dans l’église (une vieille coutume 1) s’étant brûlé les ailes aux flammes des flambeaux, Mme Tastu composa un poème qui eut un éclatant retentissement et lui mérita les faveurs de la Cour.

Parmi ses poésies, il faut citer Ze Z)ernter /owr de l’année, les Feuilles du Saule, la Chawbre de la Châtelaine, les Scènes de la Fronde, Peau d’Ane^ etc. qui jouirent, en leur temps, d’une véritable célébrité. Mentionnons aussi Les Chroniques de France, ouvrage curieux qui contient cinq chroniques par lesquelles Mme Tastu peint le iv* siècle ou les temps religieux ; le vi^ siècle ou les temps barbares ; le xiv<^ siècle ou les temps chevaleresques, etc.

Peu après la publication de cet ouvrage, la révolution de 1830 éclata. M. Tastu fut miné et sa femme dut abandonner la poésie pour la prose Elle se mit ù, écrire des ouvrages d’éducation pour la jeunesse. Kous avons ainsi d’elle un cours d’enseignement Intitulé : Simples leçons d’une mère à ses enfants, et une traduction de Robinson Crusoé.

Elle devait cependant publier encore un recueil de vers, ses Poésies Nouvelles, (jui furent aussi ses dernières poésies. En 1849, après la mort de son mari qui avait été nommé Conservateur de la Bibliothèque Saintc-Geneviève, Mme Tastu suivit son fils dans divers postes qu’il occupa comme consul de France, à Malte, dans lîle de Chypre, à Bagdad Elle regagna la France en 1804, presque aveugle et, dès lors, vécut dans la retraite et très oubliée. Elle mourut à Pa ! aiseau le 10 janvier 1885.

La poésie de Mme Amable Tastu n’est pas de celles qui transportent ; — c’est correct et froid. Ses moillcurcs pièces où elle fait pourtant preuve de goût, sont sans élan. Suintc-Beuve, très bicnvoillant pour elle, sousentend tout cela dans l’éloge qu’il en fait :

« L’Elégie, dit-il, telle (|ue la comprenait madame Ta.stu, était moins la passioD que a rai.son émue et sensible. Mme Tastu, comme tous les