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MADAME DE GENLIS



Stéphanie-Félécité du Crest de Saint-Aubin, marquise de Sillery, comtesse de Genlis, née à Champcéri, près d’Autun, le 25 janvier 1746 ; morte à Paris le 31 décembre 1830. — Elle était fille d’un officier de marine et appartenait à une bonne famille de Bourgogne.

Il n’y a guère d’intéressant dans sa vie que le temps qu’elle passa, en qualité d’institutrice des princesses et même des princes, au Palais-Royal. Elle occupa, en effet, la charge, nouvelle pour une femme, de gouverneur du duc de Valois, plus tard duc de Chartres, puis duc d’Orléans, puis roi (Louis-Philippe). Elle fit également l’éducation du duc de Montpensier et du comte de Beaujolais. Elle devait, paraît-il, cette confiance à son système dans lequel l’éducation physique tenait une place importante.

Ses fonctions d’institutrice royale lui laissèrent, néanmoins, le temps d’écrire, habitude qu’elle tenait sans doute de sa mère, laquelle avait composé plusieurs romans pour jeunes personnes.

Les ouvrages de Mme de Genlis s’élèvent modestement à soixante-quatorze, et la plupart ont plusieurs tomes.

On peut dire, sans crainte de se tromper, qu’ils sont en général médiocres. Ses livres d’éducation, écrits, le plus souvent, sous forme de contes, de petits drames, d’entretiens épistolaires sont aujourd’hui aussi oubliés que ses romans et que son théâtre, ce qui n’est peut-être pas pleine justice. La Tendresse maternelle, par exemple, est une petite pièce délicieuse de simplicité et de naturel, où Mme de Girardin a trouvé l’idée de sa Joie fait peur et Alfred de Musset son abbé de Il ne faut jurer de rien. C’est, d’ailleurs, le chef-d’œuvre de Mme de Genlis, avec Galatée qui lui a été inspirée par Rousseau.

Parlant de Mme de Genlis, Sainte-Beuve a dit spirituellement : « Une femme auteur, c’est en effet ce que Mme de Genlis était avant toute-chose, et la nature semblait l’avoir créée telle, comme si c’était là, désormais, une des fonctions essentielles de la civilisation et de la vie. Mme de Genlis aurait certainement inventé l’écritoire, si l’invention n’avait pas eu lieu auparavant. » Et encore : « En tout, ce qui lui manquait, c’était la vérité et la nature ; d’ailleurs, elle avait les finesses, les adresses et les grâces de la société. On voit, d’après cet ensemble, qu’avec beaucoup d’esprit et de talent, elle n’était nullement une femme supérieure. »

C’est ce qui apparaît clairement dans les quelques poésies qu’elles a laissées. Ainsi qu’on pourra s’en rendre compte les meilleures de ces poésies n’ont rien de particulièrement remarquable.

BIBLIOGRAPHIE DES ŒUVRES POÉTIQUES : Herbier moral ou recueil de fables nouvelles, Paris, 1801.

CONSULTER : Sainte-Beuve, Causeries du Lundi, tome III, 1852. Alphonse Séché et Jules Bertaut, l’Évolution du Théâtre contemporain, in-18, Paris, 1908.