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Comme parlent Messieurs les hommes.
Ces petits longtemps attendus.
Et de tous malheurs défendus.
Il plut à l’Éternel, de donner la lumière,
À nos Sansonnets prétendus
Maître oiseleur, d’espèce singulière
Se promet d’exercer son métier doctement,
Le plumage Coucou, blessait un peu sa vue.
Mais il espérait en la mue,
Les Pères, comme on sait, se flattent aisément.
Le voilà donc, tenant école de Ramage,
Il n’est dictons, ni quolibets.
Qu’apprennent tels oiseaux en Cage.
Qu’il ne siffle aux Coucous réputés Sansonnets.
« Parlez, leur disait-il, parlez l’humain langage,
« C’est le plus éloquent de tous. »
Coucou, répondent les Coucous.
Il n’en peut tirer autre chose.
Quoiqu’il entonne ou qu’il propose,
Coucous, ne disent que coucou.
Le Sansonnet, pensa devenir fou.
Depuis quand, disait-il, cette métamorphose,
Comment œufs de Coucou, sont-ils sortis de moi,
Du temps que j’augmentai l’espèce volatille
Tout oiseau n’engendrait qu’oiseau semblable à soi,
C’est depuis que j’habite, en humaine famille
Que la nature a fait cette nouvelle Loi.
Mais quoi, reprenait-il, dans cette loi nouvelle,
La nature se trompe et n’est plus naturelle.
Pourquoi ? moi, Sansonnet engendrer des Coucous.
Pourquoi ? couver des œufs que ne sont point à nous.
Pourquoi ?... sans doute il eût poussé loin le murmure.
Mais un Milan passant par là :
Quoi, lui dit-il, ce n’est que pour cela
Que tu vas de pourquoi, fatiguer la nature.
Hé ! mon ami, ton mal est devenu commun.
Parmi les Animaux, je n’en connais aucun
Qui ne puisse s’attendre à pareille aventure.