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de ses peines. La femme a le goût de la douleur et des larmes, — sans doute parce qu’elle sent d’instinct que là se trouve la véritable source de son inspiration. Il n’y a que ce qui la touche qui l’intéresse, et il n’y a que ce qui l’intéresse qu’elle sache bien exprimer. Or, rien ne l’intéresse davantage que l’amour. N’est-ce pas Marceline Desbordes-Valmore qui a dit :


...........................en recevant la vie
De tout ce qu’elle offrait, je n’ai vu que l’amour.


Toutes les femmes ne voient que l’amour !

On observera que la femme moderne n’est pas uniquement occupée de ce mystère et que, au contraire, les problèmes sociaux appellent de plus en plus son attention. Elle devient chaque jour plus active. — Est-elle moins romanesque et moins sentimentale pour cela ? Je ne le pense pas. Il ne faut pas se laisser prendre aux apparences. Tout ce bruit mené autour du mariage, du divorce ; les très ridicules manifestations de suffragettes rageuses et, en principe, toutes les revendications sociales féminines tendent, en somme, vers un seul but : le but !

Dernièrement, une jeune doctoresse, qui connaît les lois de la publicité et sait que l’on doit aller aux extrêmes de la pensée et de l’action pour s’imposer à la curiosité publique, a résumé ses idées et son programme d’émancipation dans une brève formule : « Ni épouse, ni mère ! » — C’est net et franc. Mais, qu’on ajoute à la recette le mot Amante omis à tort, et l’on verra que ce cri de guerre n’ouvre aucun horizon nouveau sur la question féminine ni ne révèle un état d’âme particulier.

Ni épouse, ni mère : amante ! — Oui, c’est amantes, — amoureuses et passionnément aimées qu’elles veulent être. Voilà le fond instinctif de leur pensée, la fin de leurs aspirations. Je dis de Toutes leurs aspirations ! — Ce n’est pas, comme on pourrait croire, pour vivre une meilleure vie sociale qu’elles livrent un âpre assaut aux conventions et aux lois, c’est dans l’espérance de vivre une meilleure vie sentimentale. — Pourquoi elles réclament