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Et d’un sifflant murmure
L’ombrageuse verdure
Doucement ébranlez :

J’offre ces violettes,
Ces lis et ces fleurettes,
Et ces roses ici,
Ces merveillettes roses
Tout freschement écloses,
Et ces œillets aussi.

De votre douce haleine
Éventez cette plaine,
Éventez ce séjour,
Cependant que j’ahanne[1]
À mon bled que je vanne
À la chaleur du jour.

N’est-ce pas de la musique charmante ? Victor Hugo qui a pris cette chanson pour épigraphe de sa ballade de Trilby n’a rien fait de mieux dans ce genre.

Mais c’est surtout dans l’épître que Joachim du Bellay a gagné ses lettres de maîtrise. « Le Poète courtisan peut être considéré, dit Sainte-Beuve[2], comme une de nos premières et de nos meilleures satires régulières ou classiques. L’alexandrin y est manié avec la gravité et l’aisance qu’il avait durant ces premiers temps de rénovation. Malherbe ne lui avait pas encore imposé, comme loi de sa marche, le double repos invariable du milieu et de la fin du vers. Si le mouvement de la pensée était plus fort, la césure,

  1. Que je m’essouffle.
  2. Tableau de la poésie française, au xvie siècle, t. II. p. 105-107. Édition Lemerre.