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lieu, celle qu’il se fit à lui-même et que nous donne Piganiol de la Force dans sa Description de Paris :

Clara progenie, et domo vetusta
(Quod nomen tibi sat meum indicarit)
Natus, contegor hac (viator) urna.
Sum Bellaius et poeta : jam me
Sat nosti, puto. Num bonus poeta,
Hoc versus tibi sat mei indicarint.
Hoc solum tibi sed queam (viator)
De me dicere : me pium fuisse,
Nec læsisse pios : pius si et ipse es,
Manes lædere tu meos caveto.[1]

Joachim du Bellay avait bien employé sa journée humaine. Dans le court espace de douze ans qui séparait sa rencontre avec Ronsard de sa mort il avait produit la Défense, l’Olive, les Antiquités, les Jeux rustiques sans parler de son œuvre latine où il a caché les misères et les seules joies de son existence. Ces trois derniers recueils datent de Rome. Les Antiquités avaient été son cri d’enthousiasme, son premier salut à la Ville Éternelle[2] :

  1. Issu d’une illustre race et d’une maison ancienne,
    (Ce que mon nom t’aura suffisamment indiqué)
    Passant, je repose dans cette urne.
    Je suis du Bellay, le poète ; tu me connais
    Assez, je pense. Si je fus bon poète
    Mes vers te l’auront suffisamment appris.
    Je ne te demande qu’une chose, passant,
    C’est de dire de moi : il fut juste
    Et n’offensa jamais les justes ! et si tu es juste aussi toi
    Prends garde d’offenser mes Mânes.
  2. Les Antiquités de Rome et le Songe qui leur fait suite furent traduits en 1591 par le grand poète anglais, Edm. Spencer, sous le titre de Ruines of Rome. Déjà en 1569, Spencer qui n’avait que dix-sept ans, avait donné une première traduction du Songe.